Voie Poétique

𝐿𝑒𝑠 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑒𝑚𝑝𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑝𝑜𝑒́𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒𝑠 …

  • FR

    Terre ?
    De quelle terre pourrais-je te parler ?
    Pas de celle que je connais,
    pas de celle que j’ai foulée,
    non… pas celle-là.

    Terre ?
    Peut-être celle, inconnue à ton cœur,
    qui t’a vu naître,
    qui a fermé tes yeux aux larmes,
    et ton cœur aux lames
    du désespoir et des pleurs.

    Terre ?
    Une terre pastel
    qui t’a chanté la couleur de ses fleurs,
    celles qui peuplent chaque parcelle de ton cœur,
    si innombrables
    que De Jussieu y perdit la vue… et la vie.

    Contempler tant de beauté
    c’est s’élever jusqu’à l’extase inhumaine,
    c’est rendre au botaniste
    l’âme des Dieux,
    lui qui ne vit plus désormais
    que pour écrire
    des odes lumineuses.

    Là-bas, la gloire des poètes est célébrée,
    ceux qui ont écrit ton nom
    comme on inscrit un serment dans la pierre.
    Moi, je suis là,
    te parlant des heures et du temps,
    et, ton égal,
    je ne souhaite
    que respirer ton attention.

    Serais-je l’immatériel,
    le plus important ?
    Celui que tu n’accueilleras plus comme un autre
    mais comme toi-même,
    comme ta part aimante et mystérieuse.

    Celle que tu chéris dans tes songes,
    celle qui te rassure,
    celle dont tu voudrais
    qu’elle ne quitte jamais
    l’espace infini
    de tes bras.

    EN

    Earth?
    Of what earth could I dare to speak?
    Not of the one I know,
    not of the one my steps did seek,
    no… not that below.

    Earth?
    Perhaps the one unknown to your heart,
    that saw your birth,
    that closed your eyes from tears that start,
    and kept your heart from the blades of dearth,
    from sorrow’s sharpened art.

    Earth?
    A pastel land
    that sang to you the hue of flowers’ bloom,
    the ones that crowd each parcel of your land,
    so countless in their fragrant room
    that De Jussieu there lost his sight… and life’s own hand.

    To gaze on beauty such as this
    is to ascend where mortals cease,
    to gift the botanist a godlike bliss,
    whose hours now are only these—
    to write in light, in odes of peace.

    There, the poets’ glory is proclaimed,
    those who have carved your name in stone,
    as if in vow, forever framed.
    And I am here,
    speaking to you of hours and time alone,
    your equal, wishing only near
    to breathe your presence as my own.

    Am I the immaterial one,
    the most profound?
    The soul you welcome as none
    but yourself found,
    your loving and mysterious part,
    the treasure of your secret heart.

    The one you cradle in your dreams,
    the one whose voice your spirit deems
    a shelter deep, a tender flame,
    the one you wish would still remain
    and never leave the boundless skies
    of your embracing arms and eyes.

    David – Poésie

  • FR
    Il y a, ici même, une chose qui vit en moi !
    Elle tourne, virevolte, danse, saute et vole enfin —
    Moi, je la regarde, ébloui, désemparé,
    Depuis la terre sourde de mes os plantés.

    Toujours elle me revient, l’enragée, la folle !
    Ses semelles d’écorce craquent sur les étoiles,
    Ses ailes de feu brûlent les horizons bleus,
    Son corps de lumière éventre (m)les cieux !

    Avec elle, je sens le goût du sel, l’amer,
    Nos vies éclatent d’épices en colères,
    Parfums de nos pays déchirés, sanglants,
    Parfum du monde en feu sous le vent !

    Ô chose terrible et belle qui me dévore,
    Toi qui danses dans mes chairs encore,
    Tu es la soif, tu es la rage, tu es l’éveil —
    Et moi je brûle sous ton soleil vermeil !

    EN
    There is, right here, a thing that lives in me!
    It turns, it whirls, it dances, leaps and flies at last—
    I watch it, dazzled, lost in reverie,
    From the deaf earth where my bones are cast.
    Always it returns to me, the mad one, the wild!

    Its bark-soled feet crack upon the stars,
    Its wings of fire burn horizons mild,
    Its body of light splits the sky with scars!

    With it, I taste the bitter salt’s sharp sting,
    Our lives burst forth with spices full of rage,
    Perfumes of our torn countries, blood-offering,
    Perfume of the world ablaze beneath wind’s cage!

    O terrible and beautiful thing that devours me,
    You who dance still within my flesh,
    You are the thirst, you are the rage, you are the key—
    And I burn beneath your sun’s vermillion mesh!

    David – Poésie

    Le tableau en illustration s’intitule « Paysage au clair de lune » et il a été peint par Aert van der Neer en 1652.

  • FR

    Ville au reflet d’esprits,
    Empilée, comprimée, quelques animations…
    Une lumière perçant les champs de béton
    D’une architecture parfois majestueuse, parfois rude et précaire.

    La ville se monte à grande vitesse,
    Dans un chaos ne réclamant qu’à faire naître l’ordre invisible,
    L’asphalte déroulant sa course folle,
    Tapissant la terre pour montrer le chemin.

    Tournant de gauche puis de droite,
    Pour finalement se perdre dans les méandres
    De ce labyrinthe de fer et de pierres.

    La nature n’y est qu’ornement,
    Tenant le second rôle
    Caché par ce que certains nommeront le génie humain.
    Pourtant respiration des hommes,
    Elle n’est plus que loisir et passe-temps.

    Des rayons chaleureux associés aux ténèbres opaques
    Se posent sur l’esprit précédemment tumultueux.
    Les formes hideuses disparaissent, se fondent
    Pour disparaître sous les assauts de la lune Tubal-Caïnne,

    Une forme d’harmonie,
    Un chant d’outre-monde,
    Inonde la ville des esprits endormis.

    EN

    City reflecting spirits,
    Stacked, compressed, with scattered animations…
    A light piercing through fields of concrete
    Of architecture sometimes majestic, sometimes crude and precarious.

    The city rises at breakneck speed,
    In chaos that seeks only to birth invisible order,
    Asphalt unfurling its mad race,
    Carpeting the earth to show the way.

    Turning left then right,
    Only to lose itself in the meanders
    Of this labyrinth of iron and stone.

    Nature is but ornament here,
    Plays only the second role
    Hidden by what some will call human genius.
    Yet the very breath of men,
    It becomes mere leisure and pastime.

    Warm rays mingled with opaque shadows
    Settle upon the previously tumultuous spirit.
    Hideous forms vanish, dissolve
    To disappear beneath the gentle assaults of the guardian moon,

    A form of harmony,
    A song from beyond worlds,
    Floods the city of sleeping spirits.

    David – Poésie

     

  • FR
    Dans ce regard profond,
    Doux et puissant,
    Se câche une âme éternelle.

    Un visage buriné par le soleil de sa terre,
    une barbe et des cheveux de pierre,
    Ses mains sculptant des briques d’adobe pour ériger l’édifice de son oeuvre…

    Par ses mots, encrés dans l’énigmatique d’un sauvage mystérieux,
    Maitre du sol et des cieux qu’il foule d’un pied ferme,
    Contemplation et admiration emplissent sa bouche et font voyager nos cœurs.

    Animé par la passion et la tendresse qu’il porte,
    Aux choses et aux gens,
    À leurs paysages et à son peuple.

    Un amour si brulant pour un sol sous un ciel de feu,
    Il chanta la démocratie,
    L’égalité des hommes
    Et les feuilles d’herbe d’une nation entière.

    Pour toi le poète passionné,
    Au cœur débordant,
    Je déverse ces quelques mots d’amour brulant.

     

    EN
    In that gaze profound,
    Soft and potent,
    Hides an eternal soul.

    A face carved by the sun of his land,
    A beard and hair of stone,
    His hands shaping adobe bricks to raise the edifice of his work…

    Through his words, inked in the enigma of a mysterious savage,
    Master of his land, trodden with a steadfast foot,
    Contemplation and admiration fill his mouth and set his heart to wander.

    Animated by the passion and tenderness he bears,
    For things and for people,
    For his land and his folk.

    A love so ardent for a soil beneath a fiery sky,
    He sang of democracy,
    The equality of men,
    And the leaves of grass of an entire nation.

    For you, the impassioned poet,
    With a heart overflowing,
    I pour these few words of burning love.

     

    David – Poésie

  • FR

    Pierre d’ébène sous un firmament voilé,
    Gardienne des cendres où la titanide a pleuré,
    Tu caches en ton sein l’écho jupitérien,
    Un feu mystérieux, souffle céleste, ancien.

    Saturne, père grave aux anneaux métalliques,
    Dévorant le temps dans son silence tragique,
    Tu scelles le destin de ta main souveraine,
    Sous ton manteau d’onyx, astre de nuit sereine.

    Hermès chante encore ton mystère primordial,
    Matière originelle du chaos initial,
    Noire comme la nuit des dieux silencieux,
    Tu es le sceau sacré, reflet pur des hauts cieux.

    Dans ton essence figée, les âmes se consument,
    Jupiter t’exalte quand Rhéa te présume,
    Et Saturne, jaloux, dans l’ombre te réclame,
    Abadir, symbole où mille mondes s’enfl-âme.

     

    EN

    Ebony stone beneath a veiled firmament,
    Guardian of ashes where the Titaness lament,
    You hold in your core a Jovian refrain,
    A mystic fire, celestial breath, ancient and sane.

    Saturn, stern father with rings of steel,
    Devouring time in a silence surreal,
    You seal fate with a sovereign hand,
    Beneath your onyx cloak, a star of night’s calm land.

    Hermes still chants your primal mystery’s lore,
    Primeval matter from chaos of yore,
    Black as the night when gods fell mute,
    You are the sacred seal, reflecting heavens absolute.

    In your frozen essence, souls do blaze,
    Jupiter exalts you as Rhea softly prays,
    And Saturn, envious, in shadows lays claim,
    Abadir, symbol where a thousand worlds inflame.

    David – Poésie