• Me contacter

    Dans un monde où tout va trop vite, où les mots s’échappent à la vitesse d’un clic, où l’instantané est devenu la norme… je vous propose un geste à contre-courant : m’écrire une lettre. Une vraie. Une de celles qui traversent les saisons, les montagnes, les cœurs et le silence. Une lettre en papier, avec votre écriture, votre souffle, vos hésitations, votre âme.

    Pourquoi ?

    Parce que la parole écrite à la main possède une résonance que le numérique a trop souvent perdue.
    Parce que dans chaque lettre, il y a une présence. Une attention. Une forme de magie.
    Parce que recevoir une enveloppe, la tenir dans ses mains, l’ouvrir lentement, la lire dans le calme… est un rituel d’humanité et de profondeur.

    Tout est possible.

    Tu peux m’écrire :

    • pour me proposer une collaboration artistique ou éditoriale,

    • pour m’ouvrir ton cœur, ou me raconter ton chemin,

    • pour entamer une correspondance philosophique,

    • pour me partager tes poèmes,

    • pour commenter les miens,

    • pour me parler de ton lien au monde, à la nature, à l’invisible…

    • ou simplement pour dire bonjour, d’une manière qui ne s’efface pas dans une notification.

    Je te répondrai. Avec soin, avec respect, avec sincérité.

    Voici mon adresse postale :

    Pose ta lettre sur le bord de ta conscience,
    et laisse-la voguer jusqu’à moi.
    Nous tisserons, peut-être, un fil d’échange et d’amitié…
    à l’ancienne, mais si vivant.

    Ici même, et merci de m’indiquer votre consentement en pied de lettre, je publierai les meilleurs. Les lettres qui m’ont le plus touché ou parlé.

    À très bientôt,

    David

  • 79. Lumière voyageuse

    FR
    Il y a, ici même, une chose qui vit en moi !
    Elle tourne, virevolte, danse, saute et vole enfin —
    Moi, je la regarde, ébloui, désemparé,
    Depuis la terre sourde de mes os plantés.

    Toujours elle me revient, l’enragée, la folle !
    Ses semelles d’écorce craquent sur les étoiles,
    Ses ailes de feu brûlent les horizons bleus,
    Son corps de lumière éventre (m)les cieux !

    Avec elle, je sens le goût du sel, l’amer,
    Nos vies éclatent d’épices en colères,
    Parfums de nos pays déchirés, sanglants,
    Parfum du monde en feu sous le vent !

    Ô chose terrible et belle qui me dévore,
    Toi qui danses dans mes chairs encore,
    Tu es la soif, tu es la rage, tu es l’éveil —
    Et moi je brûle sous ton soleil vermeil !

    EN
    There is, right here, a thing that lives in me!
    It turns, it whirls, it dances, leaps and flies at last—
    I watch it, dazzled, lost in reverie,
    From the deaf earth where my bones are cast.
    Always it returns to me, the mad one, the wild!

    Its bark-soled feet crack upon the stars,
    Its wings of fire burn horizons mild,
    Its body of light splits the sky with scars!

    With it, I taste the bitter salt’s sharp sting,
    Our lives burst forth with spices full of rage,
    Perfumes of our torn countries, blood-offering,
    Perfume of the world ablaze beneath wind’s cage!

    O terrible and beautiful thing that devours me,
    You who dance still within my flesh,
    You are the thirst, you are the rage, you are the key—
    And I burn beneath your sun’s vermillion mesh!

    David – Poésie

    Le tableau en illustration s’intitule « Paysage au clair de lune » et il a été peint par Aert van der Neer en 1652.

  • La voie poétique d’Arthur Rimbaud

    Le troisième épisode « bonus » sur la vie d’une poétesse ou d’un poète est maintenant disponible.

    Vous pouvez, dès aujourd’hui, écouter l’épisode sur la vie d’un de mes poètes préférés : Arthur Rimbaud

    L’épisode est disponible ici et sur toutes les plateformes habituelles.

    David – Poète & Philosophe

  • 78. Ville

    FR

    Ville au reflet d’esprits,
    Empilée, comprimée, quelques animations…
    Une lumière perçant les champs de béton
    D’une architecture parfois majestueuse, parfois rude et précaire.

    La ville se monte à grande vitesse,
    Dans un chaos ne réclamant qu’à faire naître l’ordre invisible,
    L’asphalte déroulant sa course folle,
    Tapissant la terre pour montrer le chemin.

    Tournant de gauche puis de droite,
    Pour finalement se perdre dans les méandres
    De ce labyrinthe de fer et de pierres.

    La nature n’y est qu’ornement,
    Tenant le second rôle
    Caché par ce que certains nommeront le génie humain.
    Pourtant respiration des hommes,
    Elle n’est plus que loisir et passe-temps.

    Des rayons chaleureux associés aux ténèbres opaques
    Se posent sur l’esprit précédemment tumultueux.
    Les formes hideuses disparaissent, se fondent
    Pour disparaître sous les assauts de la lune Tubal-Caïnne,

    Une forme d’harmonie,
    Un chant d’outre-monde,
    Inonde la ville des esprits endormis.

    EN

    City reflecting spirits,
    Stacked, compressed, with scattered animations…
    A light piercing through fields of concrete
    Of architecture sometimes majestic, sometimes crude and precarious.

    The city rises at breakneck speed,
    In chaos that seeks only to birth invisible order,
    Asphalt unfurling its mad race,
    Carpeting the earth to show the way.

    Turning left then right,
    Only to lose itself in the meanders
    Of this labyrinth of iron and stone.

    Nature is but ornament here,
    Plays only the second role
    Hidden by what some will call human genius.
    Yet the very breath of men,
    It becomes mere leisure and pastime.

    Warm rays mingled with opaque shadows
    Settle upon the previously tumultuous spirit.
    Hideous forms vanish, dissolve
    To disappear beneath the gentle assaults of the guardian moon,

    A form of harmony,
    A song from beyond worlds,
    Floods the city of sleeping spirits.

    David – Poésie

     

  • Je, d’un accident d’amour – Loïc Demey

    Il existe des livres qui nous tombent des mains par ennui, d’autres par émerveillement. Le premier recueil de Loïc Demey, « Je, d’un accident ou d’amour », publié aux éditions Cheyne et récompensé par le Prix SGDL Révélation de poésie en 2016, appartient à cette seconde catégorie. Non pas qu’il soit d’un accès immédiat – bien au contraire –, mais parce qu’il opère sur nous cette magie rare de la sidération linguistique.

    L’originalité de ce texte tient en une contrainte aussi simple qu’audacieuse : l’absence totale de verbes. « Dans son livre, les êtres ne s’aiment pas, ils s’amour », résume parfaitement cette transgression grammaticale. Demey a choisi de bâtir un récit d’amour en évacuant le moteur même de l’action, le verbe, pour ne garder que l’essence poétique des substantifs et des adjectifs.

    Cette contrainte oulipienne pourrait sembler artificielle, mais elle révèle au contraire une profonde cohérence poétique. Car l’amour, justement, n’est-il pas cet état où l’être se fait substance pure, où l’on devient davantage qu’on n’agit ? « Adèle se robe rouge et talons à l’affût sur le fauteuil. Je me serviette, elle se debout et m’autour du cou. Je me chancelant, je me trac. Elle me chuchotements d’amour à l’oreille » : dans ces lignes flotte une sensualité immédiate, une présence charnelle que ne ternirait aucune conjugaison.

    Loïc Demey, né en 1977 en Lorraine où il enseigne l’éducation physique et sportive, s’inspire « des univers poétiques et musicaux » pour « détourner et bousculer la langue afin d’y trouver la bonne tonalité ». Ce détournement n’est jamais gratuit : il sert une esthétique de l’épurement où chaque mot compte, où la syntaxe se fait rythme.

    L’inspiration vient d’une chanson d’Arthur H, elle-même inspirée d’un poème de Ghérasim Luca. Cette filiation révèle l’appartenance de Demey à une lignée expérimentale qui, de Luca à Arthur H en passant par les surréalistes, n’a cessé d’interroger les possibles de la langue française. Mais là où Luca jouait sur les sonorités et les répétitions, Demey creuse l’ellipse et l’implicite.

    Sans verbes, le texte acquiert une musicalité particulière, celle d’un jazz sans batterie où seuls les solos s’enchaînent. Les phrases s’étirent, se contractent, créent un rythme nouveau fondé sur la surprise syntaxique et l’attente déçue. « La pièce se sombre, je m’orage. La fermeture éclair. La robe, tonnerre. Sa tunique en l’air et ses dessous à terre. La rue se lune, le ciel se nuit. Je la nue. »

    Cette prose poétique fonctionne par images fulgurantes, par associations libres qui rappellent l’écriture automatique des surréalistes tout en gardant une cohérence narrative. L’amour s’y déploie dans sa dimension la plus sensuelle et la plus imaginaire, entre accident et évidence.

    Au-delà de l’expérimentation formelle, ce livre questionne notre rapport au temps et à l’existence amoureuse. Comme l’explique l’auteur : « Puisque le réel ne peut être raconté, il tente de dire ce qu’il en reste. À savoir sa sensation ». L’absence de verbes traduit cette volonté de saisir l’amour non dans son déroulement chronologique mais dans sa pure présence.

    Cette démarche rejoint paradoxalement une certaine tradition mystique où l’extase se dit par la négation, par ce qui lui manque plutôt que par ce qu’elle est. Ici, c’est par l’absence du verbe que se révèle la plénitude de l’être amoureux. Le « je » du titre oscille entre accident et amour, comme si ces deux termes étaient les deux faces d’une même expérience existentielle.

    Il y a chez Demey une véritable érotisation de la langue elle-même. Ses « mots sont des sensations avant de déclencher des émotions », et cette sensualité langagière contamine l’ensemble du texte. L’amour physique et l’amour des mots se confondent dans une même célébration de l’incarnation.

    Cette approche charnelle de l’écriture rappelle certains passages de L’Amant de Marguerite Duras ou les expérimentations d’Hélène Cixous, mais avec une radicalité formelle qui lui est propre. Demey ne décrit pas l’amour, il le fait advenir dans et par la langue malmenée, réinventée.

    « Je, d’un accident ou d’amour » n’est pas un livre qu’on lit, c’est un livre qu’on éprouve. Sa brièveté – 44 pages seulement – concentre une intensité rare. Chaque page demande un effort d’adaptation, une complicité active du lecteur qui doit réapprendre à lire, à construire du sens à partir de fragments syntaxiques.

    Certains lecteurs avouent s’être « sentis essoufflés » par cette lecture, « perdus » parfois dans ce que raconte l’auteur. Cette difficulté fait partie intégrante de l’expérience esthétique proposée : comme l’amour, ce texte demande un abandon, une confiance aveugle en sa logique interne.

    En conclusion

    Avec ce premier opus, Loïc Demey signe l’émergence d’une voix singulière dans le paysage poétique contemporain. Son approche expérimentale n’est jamais gratuite : elle sert un projet esthétique cohérent où la contrainte libère plutôt qu’elle n’entrave.

    Dans une époque où la poésie cherche souvent ses marques entre lyrisme néo-romantique et prosaïsme du quotidien, Demey propose une troisième voie : celle d’une radicalité formelle au service d’une authenticité émotionnelle. Son accident de la langue révèle finalement les possibles insoupçonnés de notre amour des mots.

    Ce livre mérite sa place dans toute bibliothèque poétique contemporaine, non seulement pour son originalité formelle mais surtout pour sa capacité à renouveler notre rapport à la langue amoureuse. Un livre à découvrir, à relire, à laisser infuser – comme tous les vrais accidents qui changent une vie.

    David – Poète & Philosophe

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