Voie Poétique

𝐿𝑒𝑠 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑒𝑚𝑝𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑝𝑜𝑒́𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒𝑠 …

81. Marches

FR

Je monte les marches,
une à une,
le dos lourd d’une vie durement vécue.
Arpentant un ciel que les mythologies m’ont conté,
suggérant leurs images d’une conscience à peine perçue.

Me voici,
pénétrant dans l’enceinte lumineuse,
au bout du marbre teinté des couleurs d’un ciel noir, trop connu.
Le froid, le vide, cette lourde porte et mon cœur tremblant si fort dans la cage de mon corps pâle,
à la terre rendu.

Enfin léger,
percevrais-je, en l’instant, la vie telle que je l’aurais dû ?
Non comme ce fardeau qui m’a si souvent, en deux, fendu ?

Je n’ai d’autre choix que d’être là,
ici et maintenant, autrement.
Entier pour savourer la poésie du chant des secondes éternelles s’égrenant d’un amour jamais rompu.

Le bois s’entrouvre devant moi, au rythme de mes pas.
Elle est si grande et si large que je n’en vois pas le bout,
et son odeur ténue…

Je ne saurais oublier ce moment, disparaissant.
Son visage et son regard emplis du froid et des flammes, toute ma vie maintenant contenue.

D’une voix profonde et claire,
il prononça les mots, cette phrase, dont je ne me souviens plus.
Je ne saurais vous dire en cet instant,
mais sa voix glissa sur moi, à travers moi, emplit l’espace
figea instantanément la toute dernière chose que réellement je fus.

De mes yeux les larmes roulèrent jusqu’à la plante de mes pieds,
jusqu’à me noyer dans un océan de remords et de joie.
Du temps et des choses entièrement fondus.
Le liquide vibrant ne fit plus qu’un en mon âme,
dernier contenant d’une histoire déjà plus qu’entrevue.

Je suis partie et, oui, je ne me suis plus battue.
Mon cœur ne souhaitait désormais que la paix et non les horizons distordus de l’humain corrompu.
J’ai illuminé le noir des cœurs.
J’ai percé les secrets les mieux cachés.
Il n’y a rien que je n’aie su ou obtenu.

Ses mots me reviennent maintenant…
D’une voix douce et clair…
« Il n’y a rien que tu puisses faire qui changera la fin. »

EN

I climb the steps,
one by one,
my back heavy with a life hard-lived.
Walking through a sky that mythologies have told me,
suggesting their images of a consciousness barely perceived.

Here I am,
entering the luminous sanctuary,
at the end of marble tinged with colors of a black sky, too familiar.
The cold, the void, this heavy door and my heart trembling so fierce
within the cage of my pale body,
rendered unto earth.

At last weightless,
would I perceive, in this instant, life as I should have known it?
Not as this burden that has so often split me in two?

I have no choice but to be here,
now and present, otherwise.
Whole, to savor the poetry of eternal seconds’ song
flowing from a love never broken.

The wood opens before me to the rhythm of my steps.
It is so vast and wide I cannot see its end,
and its tenuous scent…

I could never forget this moment, vanishing.
His face and gaze filled with cold and flames,
my entire life now contained.

In a voice deep and clear,
he spoke the words, that phrase, which I no longer remember.
I cannot tell you in this instant,
but his voice slid over me, through me, filled the space
and instantly froze the very last thing I truly was.

From my eyes tears rolled down to the soles of my feet,
until I drowned in an ocean of remorse and joy.
Time and all things entirely melted.
The vibrant liquid became one within my soul,
final vessel of a story already more than glimpsed.

I departed and, yes, I fought no more.
My heart desired henceforth only peace,
not the distorted horizons of corrupted humanity.
I have illuminated the darkness of hearts.
I have pierced the best-hidden secrets.
There is nothing I have not known or obtained.

His words return to me now…
In a voice gentle and clear…
« There is nothing you can do that will change the end. »

 

David – Poésie

Ce poème, je l’ai écrit dans l’avion de retour de San Francisco. Un long vol entre sommeil et écriture. Le fruit mur d’un rêve que je vous partage. La photo en illustration a été prise par moi dans la librairie et maison d’édition qui a écrit un bout de l’histoire de San Francisco City Lights

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