98. Frères

FR
Si seulement j’avais pu prendre ta douleur, mon frère,
Si j’avais pu saisir le mal qui t’affligeait, le faire entrer en moi pour t’en délivrer,
Si j’avais pu détourner le fouet de la destinée et prendre ses coups à ta place.
Rien de tout cela ne nous appartenait, mon frère,
Rien de tout cela n’était mérité.
Tu n’étais qu’un homme en quête d’un bonheur certain,
Comme tant d’hommes en quête de bonheur, incertain…
Mais toi tu le savais, tu avais cette conscience du monde.
Tu ne baissais jamais ton regard face aux épreuves,
Tu les affrontais vaillamment, sans jamais faiblir,
Et elles ont fini par te faire périr.

Périr dans ce qui te sert maintenant de dernière demeure.
Tu as rejoint ce monde si cher à ton cœur.
De ton vivant, tu ne parlais que de Lui,
De ce qu’Il pouvait être, de ce qu’Il serait pour l’homme sachant braver ses peurs.
Je pouvais t’écouter parler de cela durant des heures,
Appuyé là, tout contre ton âme, à essuyer les larmes qui coulaient sur ton visage.
Pendant ce temps, ton cœur mourait, je l’entendais.
Dans une triste complainte il mourait doucement, tranquillement, sûrement.
Mais la passion n’aura jamais quitté ta bouche.
Au final tu lui as tout donné et cela aura fait de toi le plus beau des hommes, mon frère.

EN
If only I could have taken your pain, my brother,
If I could have seized the evil that afflicted you, drawn it into myself to deliver you,
If I could have turned aside destiny’s whip and taken its blows in your stead.
None of this belonged to us, my brother,
None of this was deserved.
You were but a man in search of certain happiness,
Like so many men in search of happiness, uncertain…
But you knew it, you held that consciousness of the world.
You never lowered your gaze before trials,
You faced them valiantly, never faltering,
And they ended by making you perish.

Perish in what now serves as your final dwelling.
You have joined that world so dear to your heart.
In your lifetime, you spoke only of Him,
Of what He could be, of what He would be for the man brave enough to face his fears.
I could listen to you speak of this for hours,
Leaning there, close against your soul, wiping the tears that flowed down your face.
Meanwhile, your heart was dying, I could hear it.
In a sad lament it died softly, quietly, surely.
But passion never left your mouth.
In the end you gave Him everything and that made you the most beautiful of men, my brother.

David

Poète, Philosophe & humaniste, je tisse et partage mon univers contemplatif et symbolique au travers des sites VoiePoetique.com, ViaHermetica.com & Philosophos.fr Depuis plus de vingt années, je cultive la lecture, l'étude, l'écriture et la trans-mission d'une poésie sensible & symbolique ainsi qu'une philosophie pratique et spirituelle. À l'image des premiers philosophes et des poètes qui me touchent, ma démarche se veut accessible et exploratrice par l'image et le symbole, tentant de sonder avec délicatesse les contours de l'âme humaine et l'infini mystère de ce qui l'entoure.

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