91. Rêv-olution

FR

Je ne suis plus que ce jour, où
Nous ne serions plus asservis par le son du fouet, écho de la sueur et du sang
Où nos rêves ne seraient plus stoppés sur la muraille de nos consommations, éternellement inassouvies
Où nos mains ne seraient plus chargées que des stylos tirant des encres, de rouge et de noir
Pour toucher au cœur de l’humanité des pauvres âmes jeunes, affaiblie par leur soif de savoir

Nos ultimes rêves s’envoleront, alors
Comme des feuilles d’automne, dans ce vent d’hiver
Bercées et frappées par les gouttes d’une pluie glaçante, de nos mots transformés
En cristaux légers fondant, sous un prochain ciel d’été

Imagine cette rêv-olution, où
Nous ne suivrions plus jamais la voie des ports, célestes et abjects
Dockers chargeant des navires de larmes, salées et exquises
Au goût d’un soleil noir enfin loin sur l’horizon de nos cœurs, disparu
De nos corps et de nos amours, communier
Encore cette fois, à perpétuité
Et cracher nos désirs, viles et putrides
À l’esprit de ce monde qu’ils ont, construit de leurs mains
Rempli des tristes remords que nos sacrifices ne rachèteront, jamais

Nous serions enfin libres de faire grandir nos âmes, peuple du monde
De leur nécessaire humanité qui, depuis leur apparition
Ne sont qu’asservies et déshumanisées, habillées de noir
Assistants à leur propre descente dans les entrailles de la terre, aveugles
Où les vers et tous les organismes des bas fonds rongent, éternellement
Jusqu’à l’épuisement des mots des poètes tentant, dans un assaut ultime
De colorer un monde qui ne dégoulinera que du désespoir, lumière du monde
Ébloui par la funeste bouillie, mélodie de sa morne faim

Alors ce triste monde, poussière au vent
Retrouvera enfin toute sa beauté originelle, ultime mystère
Tournant à grande vitesse dans son univers organisé, nécessairement
Sans le sens stupide de cette génération, philosophes
Ayant trop peur de leurs propres finitudes, faiblesse crasse
Les marquant au fer rouge des lois d’un monde qui les déteste, rejetés
Rêvant et croyant à leur chance d’intégrer, purifiés
Une nature qui ne cherche qu’à les rejeter, dégénérés
Comme un cancer se répandant sur la toile, numérisés
D’un corps affaibli par les affres des désirs et du temps, leur Dieu

LA

Nihil sum nisi hic dies, ubi
Non amplius servi essemus sono flagelli, echo sudoris et sanguinis
Ubi somnia nostra non amplius starent super murum consumptionum nostrarum, aeternum insatiatarum
Ubi manus nostrae non amplius oneratae essent nisi stilis trahentibus atramentum, rubrum et nigrum
Ut tangant cor humanitatis pauperum animarum iuvenum, debilitatae siti sciendi

Somnia nostra ultima evolabunt, tunc
Sicut folia autumni, in hoc vento hiemali
Perculsa et icta guttis pluviae glacialis, verborum nostrorum transformatorum
In crystallos leves fundentes, sub proximo caelo aestivo

Imaginare hanc somni-volutionem, ubi
Non amplius sequeremur viam portuum, caelestium et abiectorum
Portitores onerantes naves lacrimis, salsis et exquisitis
Ad gustum solis nigri tandem longe in horizonte cordium nostrorum, evanidi
Ex corporibus nostris et amoribus nostris, communicare
Iterum hac vice, in perpetuum
Et spuere desideria nostra, vilia et putrida
In spiritum huius mundi quem aedificaverunt, manibus suis
Plenum tristibus paenitentiis quas sacrificia nostra numquam rediment, numquam

Liberi tandem essemus crescere animas nostras, populus mundi
Necessaria humanitate sua quae, ex apparitione sua
Non sunt nisi servitae et dehumanizatae, nigro vestitae
Assistentes propriae descensui in viscera terrae, caecae
Ubi vermes et omnes organismi profundorum rodunt, aeternaliter
Usque ad exhaustionem verborum poetarum temptantium, in ultimo assaltu
Colorare mundum qui non stillabit nisi desperatione, luce mundi
Obcaecatum funesta pultis, melodia famis suae maestae

Tunc hic tristis mundus, pulvis in vento
Recuperabit tandem omnem pulchritudinem suam originalem, ultimum mysterium
Vertens magna velocitate in universo suo ordinato, necessario
Sine sensu stupido huius generationis, philosophi
Nimis timentes proprias finitudines suas, crassam imbecillitatem
Signantes eos ferro candente legum mundi qui eos odit, reiecti
Somniantes et credentes fortunae suae integrandi, purificati
Naturam quae quaerit tantum eos reicere, degenerati
Sicut cancer se diffundens super telam, numeris inscripti
Corporis debilitati cruciatibus desideriorum et temporis, Deus eorum

David

David

Poète & Philosophe humaniste, je tisse et partage mon univers contemplatif et symbolique au travers des sites VoiePoetique.com & Philosophos.fr Depuis plus de vingt années, je cultive la lecture, l'étude, l'écriture et la trans-mission d'une poésie sensible & symbolique ainsi qu'une philosophie pratique et spirituelle. À l'image des premiers philosophes et des poètes qui me touchent, ma démarche se veut accessible et exploratrice par l'image et le symbole, tentant de sonder avec délicatesse les contours de l'âme humaine et l'infini mystère de ce qui l'entoure.