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    Revue LittĂ©raire « L’Ours Blanc »

    Dans le vaste paysage des revues littĂ©raires contemporaines, certaines publications se distinguent par leur engagement esthĂ©tique, leur exigence Ă©ditoriale et leur ouverture sur le monde. C’est le cas de L’Ours Blanc, une revue littĂ©raire indĂ©pendante qui trace son sillon avec discrĂ©tion mais dĂ©termination. À travers des textes de poĂ©sie, des traductions et des Ɠuvres expĂ©rimentales, L’Ours Blanc incarne une certaine idĂ©e de la littĂ©rature : celle qui prend son temps, qui dialogue avec d’autres langues, qui cherche Ă  faire rĂ©sonner la voix des auteurs dans toute leur singularitĂ©.

    DĂšs le premier regard, L’Ours Blanc intrigue. Son format minimaliste, proche du livret, ses couleurs pastel et sa typographie Ă©lĂ©gante rappellent les revues littĂ©raires d’un autre temps, celles qui faisaient le pari du papier comme espace de rencontre entre le texte et le lecteur. Rien d’agressif ou de commercial ici : chaque numĂ©ro est conçu comme un objet Ă  part, un Ă©crin oĂč la littĂ©rature s’exprime sans concession.

    Le soin apportĂ© Ă  l’objet physique se reflĂšte Ă©galement dans le contenu : chaque numĂ©ro met Ă  l’honneur un ou plusieurs auteurs, souvent traduits. On trouve ainsi dans les derniĂšres parutions des textes d’Elena Rivera, poĂ©tesse et traductrice d’origine franco-amĂ©ricaine, ou encore de Sissi Tax, Ă©crivaine autrichienne dont l’Ɠuvre explore les zones de friction entre le langage et l’identitĂ©.

    L’un des aspects remarquables de L’Ours Blanc est son engagement envers la traduction. La revue se veut un pont entre diffĂ©rentes langues et sensibilitĂ©s, mettant en avant des auteurs internationaux tout en offrant au lecteur francophone des traductions de grande qualitĂ©. Chaque texte est accompagnĂ© du nom du traducteur, soulignant ainsi l’importance du travail d’interprĂ©tation et d’adaptation.

    Dans le numĂ©ro d’automne 2024, on retrouve ainsi Elena Rivera, traduite de l’anglais par Nathalie Koble, et Sissi Tax, dont le texte a Ă©tĂ© transposĂ© de l’allemand par Vincent Barras et RJ. Ces choix Ă©ditoriaux montrent une volontĂ© d’ouvrir la poĂ©sie française Ă  d’autres traditions, d’autres rythmes, d’autres maniĂšres d’envisager le langage.

    Dans un monde littĂ©raire souvent tournĂ© vers l’instantanĂ©itĂ© et la nouveautĂ© Ă  tout prix, L’Ours Blanc prend le contrepied en s’ancrant dans un temps plus long, celui de la lecture attentive et de la transmission.

    Autre particularitĂ© de la revue : son prix. À 6 euros l’exemplaire, L’Ours Blanc reste accessible Ă  tous ceux qui souhaitent s’immerger dans une littĂ©rature exigeante sans que cela devienne un luxe. Cette politique tarifaire s’inscrit dans une logique de diffusion restreinte mais engagĂ©e, loin des circuits commerciaux traditionnels.

    Il est possible de s’abonner directement Ă  la revue grĂące Ă  un formulaire d’inscription inclus dans chaque numĂ©ro. Un choix qui rappelle les revues militantes et littĂ©raires du dĂ©but du XXe siĂšcle, oĂč l’abonnement Ă©tait souvent la seule maniĂšre de soutenir la publication et d’assurer sa pĂ©rennitĂ©.

    Dans un monde oĂč la littĂ©rature est parfois rĂ©duite Ă  une logique de marchĂ©, oĂč l’édition privilĂ©gie les textes formatĂ©s et rentables, L’Ours Blanc se dresse comme un bastion de rĂ©sistance. C’est une revue qui s’adresse Ă  ceux qui aiment la poĂ©sie pour ce qu’elle est : un art du langage, une maniĂšre d’explorer le rĂ©el par les mots, un dialogue entre les langues et les Ă©poques.

    Lire L’Ours Blanc, c’est :

    • DĂ©couvrir des auteurs et autrices peu connus en France, mais qui comptent dans la scĂšne littĂ©raire internationale.
    • Explorer des textes traduits avec soin, oĂč chaque mot est pesĂ© et rĂ©flĂ©chi.
    • PossĂ©der un objet Ă©ditorial de qualitĂ©, pensĂ© pour durer et se relire.
    • Soutenir une publication indĂ©pendante, loin des diktats de l’édition grand public.

    Si vous cherchez une revue qui allie exigence, curiositĂ© et ouverture, L’Ours Blanc est sans aucun doute une dĂ©couverte Ă  faire.


    OĂč se procurer L’Ours Blanc ?

    La revue est disponible via abonnement ou en commande directe. Si vous souhaitez la découvrir, je vous invite à visiter leur site internet.

    Et vous, connaissez-vous L’Ours Blanc ? Lisez-vous d’autres revues indĂ©pendantes qui mĂ©riteraient d’ĂȘtre mises en lumiĂšre ? N’hĂ©sitez pas Ă  partager vos recommandations en passant par le formulaire de contact du site !

    David – PoĂšte & Philosophe

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    Pour plus de lumiĂšre de Charles Juliet

    Sur VoiePoetique.com, nous aimons la poĂ©sie qui Ă©claire, qui interroge l’ñme humaine et qui fait rĂ©sonner en nous quelque chose d’intime et de profond. Pour plus de lumiĂšre de Charles Juliet, anthologie personnelle couvrant la pĂ©riode 1990-2012, est une Ɠuvre qui s’inscrit pleinement dans cette quĂȘte. PubliĂ© dans la collection PoĂ©sie/Gallimard, ce recueil est une invitation Ă  parcourir les mĂ©andres d’une existence en quĂȘte d’authenticitĂ© et de clartĂ© intĂ©rieure.

    Avant d’entrer dans le livre, il faut s’arrĂȘter un instant sur son auteur. Charles Juliet est un homme du silence et de l’écoute. NĂ© en 1934, il a traversĂ© une enfance marquĂ©e par l’absence et la solitude, des expĂ©riences qui nourriront toute son Ɠuvre. Ce n’est pas un poĂšte flamboyant ni un Ă©crivain Ă  l’ego surdimensionnĂ©, mais un homme qui creuse, qui cherche Ă  saisir ce qui, en nous, demande Ă  ĂȘtre rĂ©vĂ©lĂ©. Il appartient Ă  cette lignĂ©e d’écrivains habitĂ©s par la nĂ©cessitĂ© de dire le plus simplement possible ce qui touche Ă  l’essence de l’ĂȘtre.

    Dans un entretien, il disait :

    « Écrire, c’est aller Ă  la rencontre de soi-mĂȘme, accepter d’affronter ses failles, ses ombres, pour mieux en extraire la lumiĂšre. »

    Et c’est exactement ce que propose Pour plus de lumiùre.

    Ce livre est une anthologie, une sĂ©lection de textes puisĂ©s dans diffĂ©rentes pĂ©riodes de son Ă©criture. Ce n’est donc pas un recueil homogĂšne mais une cartographie de l’itinĂ©raire intĂ©rieur d’un homme en quĂȘte de dĂ©pouillement.

    Trois axes se dégagent de cet ouvrage :

    1. L’apprentissage du silence et de l’écoute
      Juliet est un poÚte de la retenue. Il écrit avec peu de mots, avec une économie qui rappelle parfois Jaccottet ou Char. Ses vers sont souvent épurés, presque nus. Il cherche à atteindre une forme de vérité en refusant toute emphase.
    2. L’exploration du vide et du manque
      Dans ces poĂšmes, on retrouve une tension entre l’absence et la plĂ©nitude. Juliet a connu la souffrance, mais il ne la dramatise pas. Il l’accueille comme une matiĂšre Ă  transformation, comme un Ă©lĂ©ment fondateur de l’ĂȘtre. Ses poĂšmes Ă©voquent souvent ce passage entre l’ombre et la lumiĂšre, entre la dĂ©tresse et l’apaisement.
    3. La recherche d’une lumiĂšre intĂ©rieure
      Ce titre Pour plus de lumiĂšre n’est pas anodin. Juliet ne parle pas de la lumiĂšre extĂ©rieure, de la clartĂ© visible, mais de cette lumiĂšre qui se construit Ă  l’intĂ©rieur de soi, par l’écriture, par la mĂ©ditation, par l’acceptation du silence.

    Ce qui frappe Ă  la lecture, c’est cette simplicitĂ© profonde. Il ne cherche pas l’effet, il n’ajoute rien d’inutile. Il Ă©crit comme on sculpte la pierre, en retirant ce qui est de trop pour faire apparaĂźtre ce qui doit ĂȘtre vu. Ses poĂšmes sont des paroles d’ombre et de lumiĂšre, des respirations dans un monde souvent trop bruyant.

    Voici un extrait qui illustre bien cette quĂȘte :

    Il a suffi d’un pas
    un simple pas
    pour que s’ouvre l’espace
    et que tout ce qui était trouble
    se dissolve dans l’air clair du matin

    Ce poĂšme, comme tant d’autres dans le recueil, montre cette capacitĂ© qu’a Juliet Ă  suggĂ©rer, Ă  inviter le lecteur Ă  ressentir par lui-mĂȘme plutĂŽt qu’à lui imposer une idĂ©e ou un sentiment.

    Pourquoi lire Pour plus de lumiĂšre ?

    Parce qu’il est rare de croiser un poĂšte qui ne cherche pas Ă  impressionner mais simplement Ă  ĂȘtre vrai. Parce que ce livre est une initiation au regard intĂ©rieur, Ă  cette capacitĂ© de voir au-delĂ  des apparences et d’accueillir le monde dans sa vĂ©ritĂ© la plus dĂ©pouillĂ©e.

    Ce n’est pas un recueil qu’on lit d’une traite. C’est un livre Ă  ouvrir au hasard, Ă  lire en silence, comme on Ă©coute le vent passer dans les arbres. Un livre pour les Ăąmes en quĂȘte de profondeur et de clartĂ©.

    En conclusion 

    Pour plus de lumiĂšre est une Ɠuvre qui accompagne. Ce n’est pas un livre dĂ©monstratif, ce n’est pas un livre qui s’impose. C’est un murmure, une prĂ©sence qui Ă©claire doucement. Un compagnon de route pour celles et ceux qui cherchent une poĂ©sie qui apaise et qui ouvre des chemins.

    Sur VoiePoetique.com, oĂč nous aimons la poĂ©sie qui rĂ©sonne, ce livre trouve naturellement sa place. Il est un rappel que parfois, la lumiĂšre la plus prĂ©cieuse est celle qui vient du silence.

    David – PoĂšte & Philosophe

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    Dans une eau boueuse on ne pourrait retrouver simplement une piĂšce d’or. Il faudrait y mettre la main, en espĂ©rant que la mare ne soit pas trop vaste et profonde, et fouiller jusqu’Ă  la trouver. Ou alors, il suffirait d’attendre patiemment que l’eau s’Ă©claircisse en veillant Ă  ce que rien ne la perturbe. Le temps aura l’avantage de rendre l’eau plus claire et il ne dĂ©valuera jamais la valeur de l’or. In muddy water, one could not simply find a gold coin. You should put your hand in it, hoping that the pool is not too large and deep, and search until you find it. Or it would be enough to wait patiently for the water to clear up, making sure that nothing disturbs it. Time will have the advantage of making the water clearer and it will never devalue the value of gold. David – PoĂšte & Philosophe
  • Bonne annĂ©e 2025

    Que pourrai-je donc vous souhaiter que vos proches ne vous auraient pas déjà souhaité ?

    Je vous souhaite une nouvelle annĂ©e oĂč le temps s’Ă©tire, non pas pour remplir vos jours, mais pour vous offrir des secondes d’éternitĂ©.
    Qu’elle soit tissĂ©e de silences qui apaisent, de lumiĂšres qui dansent sur vos ombres, et d’horizons oĂč vos rĂȘves osent enfin s’aventurer.

    Je vous souhaite des rencontres qui bouleversent doucement, comme une brise sur un champ endormi.
    Que cette annĂ©e soit celle oĂč chaque pas, mĂȘme hĂ©sitant, trouve un Ă©cho dans la grandeur du monde.
    Et surtout, que vous appreniez Ă  poser sur la vie un regard neuf, comme celui d’un enfant dĂ©couvrant la beautĂ© pour la toute premiĂšre fois.

    À vous, lecteurs et lectrices, cette annĂ©e ne sera pas seulement une page de calendrier : elle sera votre poĂšme.

    Écrivez la avec audace et laissez chaque vers respirer la vie.
    Bonne et belle année poétique 2025.

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    Comment Devenir un Philosophe Grec de Marc-Antoine Gavray et Gaëlle Jeanmart

    Dans un monde qui semble souvent Ă©loignĂ© des sagesses anciennes, l’ouvrage Comment Devenir un Philosophe Grec – Exercices pratiques de Marc-Antoine Gavray et GaĂ«lle Jeanmart propose une exploration fascinante de la philosophie grecque Ă  travers une approche pratique et contemporaine. Ce livre, publiĂ© aux Ă©ditions PUF, ne se contente pas de prĂ©senter les grands concepts des penseurs antiques comme Socrate, Platon ou Épicure : il nous invite Ă  les intĂ©grer dans notre vie quotidienne.

    Les auteurs s’inscrivent dans la tradition des exercices spirituels Ă©voquĂ©e par Pierre Hadot, philosophe cĂ©lĂšbre pour avoir rĂ©vĂ©lĂ© la dimension pratique et existentielle de la philosophie antique. Selon cette perspective, la philosophie grecque n’Ă©tait pas qu’une activitĂ© intellectuelle, mais un art de vivre, une maniĂšre de cultiver l’Ăąme et d’atteindre l’eudaimonia, cet Ă©tat de sĂ©rĂ©nitĂ© et de plĂ©nitude.

    Le livre est divisé en chapitres thématiques, chacun centré sur un aspect essentiel de la vie philosophique grecque :

    1. Se connaĂźtre soi-mĂȘme : L’inscription au fronton du temple de Delphes, Gnothi seauton, sert de point de dĂ©part pour une rĂ©flexion sur l’introspection et la quĂȘte de la vĂ©ritĂ© intĂ©rieure. Les exercices pratiques proposĂ©s invitent le lecteur Ă  identifier ses valeurs et Ă  comprendre ses Ă©motions.
    2. MaĂźtriser ses passions : Les stoĂŻciens, comme ÉpictĂšte ou Marc AurĂšle, prĂŽnent une maĂźtrise des affects pour atteindre une tranquillitĂ© d’esprit. Le livre suggĂšre des pratiques pour cultiver l’indiffĂ©rence aux choses extĂ©rieures et se concentrer sur ce qui dĂ©pend rĂ©ellement de nous.
    3. Vivre en harmonie avec la nature : Les auteurs explorent la vision cosmologique des Grecs, notamment celle des Ă©picuriens, qui voient dans l’univers un ordre naturel avec lequel nous devons nous accorder. Les exercices invitent Ă  observer la nature, Ă  mĂ©diter sur sa beautĂ© et Ă  s’y reconnecter.
    4. L’éthique de la relation aux autres : À travers des concepts comme l’amitiĂ© (philia) ou le souci du bien commun, l’ouvrage montre que vivre en philosophe implique Ă©galement de cultiver des relations Ă©thiques et bienveillantes.

    Chaque chapitre se termine par des exercices concrets, comme des journaux de réflexion, des méditations ou des dialogues socratiques à reproduire dans son quotidien.

    Ce livre n’est pas un traitĂ© thĂ©orique. Il s’agit d’une vĂ©ritable boĂźte Ă  outils pour quiconque souhaite vivre selon les idĂ©aux des philosophes grecs. Les auteurs insistent sur la discipline nĂ©cessaire pour adopter une telle approche de vie, mais ils montrent aussi comment, petit Ă  petit, cette discipline peut mener Ă  une existence plus authentique et plus libre.

    L’ouvrage s’appuie Ă©galement sur des anecdotes historiques pour illustrer ses propos. Par exemple, il Ă©voque l’Ă©pisode oĂč DiogĂšne de Sinope, le philosophe cynique, s’est moquĂ© d’Alexandre le Grand en lui demandant simplement de se retirer de son soleil. Ce geste incarne Ă  la fois le rejet des vanitĂ©s du pouvoir et l’idĂ©e stoĂŻcienne de contentement face Ă  ce qui est essentiel.

    La pertinence de ce livre rĂ©side dans sa capacitĂ© Ă  rendre vivante et accessible une tradition qui pourrait sembler Ă©loignĂ©e de nos prĂ©occupations modernes. À l’heure oĂč le stress, l’hyperconnexion et l’individualisme dominent, Comment devenir un philosophe grec offre une alternative riche de sens : une vie centrĂ©e sur la rĂ©flexion, la simplicitĂ© et l’harmonie.

    En conclusion

    Pour conclure cette chronique, voici un passage particuliĂšrement inspirant tirĂ© du livre, qui rĂ©sume bien l’essence de cette philosophie :

    « Être philosophe, c’est se tenir debout face Ă  l’immensitĂ© de l’univers, conscient de notre petitesse mais aussi de notre appartenance Ă  ce tout, et choisir, chaque jour, de vivre avec sagesse, courage et humanitĂ©. »

    Cet ouvrage est une invitation Ă  renouer avec des pratiques qui, bien qu’anciennes, rĂ©sonnent encore profondĂ©ment aujourd’hui. Une lecture incontournable pour tous ceux qui aspirent Ă  une vie plus libre et plus Ă©clairĂ©e.

    David – PoĂšte & Philosophe